samedi 19 août 2017

Lombok : de la plage de Senggigi au sommet du Rinjani

Partis en retard de Yogya (apparemment c'est la spécialité de Lion air) pour Lombok, nous arrivons bien tard à Senggigi où nous devons passer la nuit en attendant l'arrivée de Didier, un copain très grand randonneur rencontré lors d'un trek en Mongolie (pour en savoir plus c'est là http://nos-traces.blogspot.co.id/2015/08/10-jours-de-trek-dans-laltai-premiere.html et là http://nos-traces.blogspot.co.id/2015/08/10-jours-de-trek-dans-laltai-suite-et.html). Cela nous laisse le temps de papoter avec Michel, un français installé depuis 25 ans à Lombok qui tient avec son épouse indonésienne La Casa homestay, et d'aller à la plage puisque nous ne nous sommes pas encore baignés depuis notre arrivée.




Les pêcheurs et les enfants nous permettent de passer un agréable moment avant l'arrivée de la voiture d'Adi trekker qui doit nous conduire à Senaru, point de départ de notre trek au mont Rinjani. Notre chauffeur arrive et nous voilà partis à travers les beaux paysages de Lombok. Nous arrivons assez tôt au village pour aller voir les cascades et en profitons pour rentrer par le canal creusé dans la roche ce,qui fait un peu penser au train fantôme.





Le lendemain, les choses sérieuses commencent. Nous partons en voiture pour Sembalung Lawang, d'où démarre notre trek de 4 jours sur les pentes du volcan Rinjani.


Jour 1: de 1100 à 2600 mètres d'altitude (dénivelé: +1500m)
Comme d'habitude, tout commence par l'enregistrement au bureau local où il faut écrire son nom, sa nationalité et son numéro de passeport, même approximatif, sur un grand cahier. Apri, notre guide nous présente aux 3 (nous comprendrons pourquoi plus tard) porteurs qui vont nous accompagner au cours de cette randonnée.
Inutile d'épiloguer, cette première journée est une immense montée dans une savane sèche, des pierriers, de la terre poudreuse comme de la farine et avec très peu d'arbres. Première surprise, la foule se presse pour faire l'ascension. Les jeunes sont en nombre et nous faisons un peu figure d'ancêtres ! Les POS 1 et 2 nous permettent d'acheter du coca, de plus en plus cher et de moins en moins frais. 


Au POS 2, tout le monde s'arrête. Les porteurs sortent des paniers qui pendent à leur palanche des réchauds alimentés par d'énormes bouteilles de gaz, des légumes, du poulet, des tomates, des ananas et des pastèques, enfin tout se qui convient à la préparation d'un véritable déjeuner. Pas étonnant qu'ils soient aussi nombreux que nous et que chacun soit si chargé. Leur cargaison pèse entre 30 et 35 kg alors qu'eux même doivent en peser au maximum 55. Ils portent des tongs et avancent à une vitesse telle qu'il est inutile de songer à les suivre, ne serait-ce que sur quelques mètres. 




Après la pause commencent les vraies difficultés. La pente devient de plus en plus raide et le sentier attaque toujours en ligne droite vers le bord du cratère. Par endroits, c'est un long escalier dont les marches mesurent plus de 60 cm de haut. On mange de la poussière car c'est la saison sèche et il me faut avaler une tablette d'isostar ne pas flancher dans la côte finale avant le campement.
Au total, nous aurons marché environ 6 heures. Ce n'est pas énorme mais les conditions sont difficiles : chaleur et poussière combinées usent la santé.

Jour 2: de 2600 à 2100 en passant par 3726 mètres d'altitude (dénivelé: +1126 ; -1626)
C'est, de loin, la journée la plus dure de tout le trek.
Il faut se lever à 2 heures du matin si l'on veut voir le lever du soleil depuis le sommet. À 2h 30 nous commençons la grimpette à la frontale. Cela commence par un chemin escarpé et poussiéreux qui met les cuisses à rude épreuve. On n'en voit pas la fin et pas seulement parce qu'il fait nuit. Je souffle, je souffre et j'ai froid et les tablettes d'isostar ne sont pas assez puissantes. J'aurais dû demander quelques bouteilles du Redbull local à certains porteurs... On trouve des rochers creux pour se reposer en s'abritant du vent et, pendant ce temps là, certains avancent. Les arrêts se font de plus en plus longs quand, enfin, on arrive sur une ligne de crête. Apri distribue quelques cookies qui mettent du baume au cœur et on avance dans un pierrier qui, au moins, ne fait pas se soulever un nuage de poussière à chaque pas. Voilà presque 2 heures que nous marchons quand on arrive à la partie finale de l'ascension. Celle-là, nous l'avions repérée dès le départ; elle semblait costaud. De près, c'est encore pire. Non seulement la pente est forte mais, pour corser l'affaire, il n'y a pas de chemin; juste un immense tas de scories de la taille de gros graviers dans lesquels on s'enfonce, qui roulent parfaitement sous les chaussures mais, qui, quand même, parviennent à se glisser à l'intérieur. Pas sympa du tout... Nouvel arret au bout de 50 mètres. Il fait toujours nuit et de plus en plus froid. Je repars, de moins en moins gaillarde. Encore 30 mètres suivis d'une pause, puis 20 mètres et nouvelle pause. A ce rythme là, c'est un trek de 10 jours qu'il aurait fallu programmer! Trop fatiguée, j'abdique à une vingtaine de minutes du sommet. Tant pis, l'an prochain j'irai dans les Vosges!
Yves continue pour rejoindre Didier et Apri qui sont arrivés depuis un bon moment. Je garde les deux sacs à dos. C'est ainsi que nous n'aurons pas de photo du lever de soleil sur le Rinjani.
Bon, à celui que l'on voit à 3680 mètres, altitude approximative à laquelle je me suis arrêtée, n'est quand même pas si mal.



La descente n'est pas de tout repos non plus. D'abord, les scories ça roule vers le bas aussi et les marches de la fin du trajet avant le camp sont toujours aussi hautes. Nous arrivons à la tente crasseux et fourbus mais les porteurs nous ont cuisiné de délicieux hamburgers que nous avalons avec appétit.En effet, la journée est loin d'être terminée. À 9 heures 30, nous relaçons les chaussures pour descendre au bord du lac Segara.


Si la montée à été difficile, la descente n'est pas simple non plus. Au delà de la fatigue déjà accumulée, le chemin fait parfois un peu peur. De temps en temps on se dit qu'il suffirait de trébucher sur un caillou ou une racine pour finir, en compote, quelques dizaines de mètres plus bas. Le paysage permet d'oublier sa peur. C'est absolument splendide! Et la vue des porteurs qui, toujours en tongs et avec les palanches sur l'épaule, descendent en courant en prenant des raccourcis face à la pente fait franchement relativiser les difficultés que l'on éprouve.


Après quelques heures de marche, on arrive à proximité du lac Segara. Apri nous propose de faire un détour par les sources chaudes, idée à laquelle nous souscrivons volontiers car nous sommes couverts de sueur et de poussière de temps la tête aux pieds. Les sources sont soufrées et vraiment chaudes. S'y tremper fait un bien fou. Nous ne sommes d'ailleurs pas les seuls à profiter de leurs bienfaits. Quel délice de se sentir propre et détendu.


Après la séance au spa, nous avalons un petit nasi goreng et, vite, sous la tente.

Jour 3 : de 2100 à à 1600 en passant par 2600 mètres d'altitude (dénivelé: +500 ; -1000)
Avant de partir, Apri nous propose de retourner aux sources pour bien commencer la journée. Nous arrivons en même temps qu'un groupe d'hindouistes qui viennent faire une cérémonie dans ce lieu sacré mais néanmoins très souillé. Comme il est encore tôt, nous profitons du calme qui règne sur le site pour faire quelques photos.




Pendant ce temps là, Apri et ses copains en profitent pour pêcher quelques petits poissons du lac qu'ils feront frire plus tard pour le dîner. 


Il faut maintenant repartir vers Senaru ce qui veut dire remonter au bord du cratère. Comme le lac est à 2000 mètres environ et le bord du cratère à 2600, cela veut dire encore 2 bonnes heures et demi de marche puisque cette partie semble comporter quelques difficultés techniques. Pour le coup, ce n'est pas faux. À certains endroits, c'est de l'escalade de niveau 2. En soi, ce n'est pas terrible mais les conditions ne s'y prêtent guère. Les barrières sont branlantes, rien n'est sécurisé et il faut s'agripper à la moindre racine pour escalader les blocs de rochers. Juste avant le sommet, on pétoche vraiment parce qu'il faut passer sur un grand rocher lisse qui ressemble à un vrai toboggan prolongé par une immense pente. Une fois de plus, le paysage compense largement la peur. Le cône principal du Rinjani et le baby Rinjani offrent une vue splendide que l'on a de la peine à quitter. 


Les camarades porteurs sont toujours à l'œuvre. Les paniers sont moins chargés mais on se demande comment ils parviennent à passer certains tronçons.


Après une longue pause déjeuner, nous amorçons une longue descente bien reposante par rapport à ce que nous avons enduré. Nous changeons aussi de climat et d'environnement.  Nous passons ainsi de la savane sèche à la forêt d'épineux, puis à la forêt secondaire humide. Encore quelques heures de marche et nous atteignons le POS 2 du côté humide, Il est temps de dresser le camp et de passer une bonne nuit parmi les singes et autres petits animaux de la forêt.


Jour 4 : de 1600 à 600 mètres d'altitude (dénivelé : -1000)
À partir de maintenant, c'est la grande rigolade. Certes, il ne reste que dès spaghetti, des œufs durs et de l'ananas au petit déjeuner, ce qui fait que la journée aurait pu mal commencer. Bien sûr, la terre glaise glisse et les racines creusées par les pluies rendent la progression parfois difficile. Mais on touche au but et nous savons qu'à l'arrivée une bonne douche nous attend. Ce ne sera pas un luxe!




Comme d'habitude, les porteurs nous rattrapent après avoir plié le camp. À midi, nous franchissons la porte du camp et repartons vers le village de Senaru, où l'affaire a commencé.


Informations pratiques
1) une nuit à Senggigi
Nous avons réduit les frais en logeant à la Casa homestay : 9 euros la chambre avec petit déjeuner compris.
Pour réserver:

2) le trek au Rinjani 
Nous avons choisi le pack 4 days/3 nights proposé par l'agence Adi trekker à Senaru avec un départ de Sembalung. Je le regrette d'autant moins que le trajet du lac vers le bord du cratère, déjà effrayant à la montée doit être totalement terrorisant à la descente. Les bâtons de marche sont, à mon avis, impératifs. Le relief est tel que les sentiers ne forment pas de lacets. On attaque la pente de face. Souvent on marche dans des pierriers et des scories. Il vaut mieux pouvoir se freiner ou se retenir selon le sens de la marche. 
Un bon entraînement est également indispensable. J'ai mal géré le mien et j'ai flanché avant la fin.

Attention, il existe quantité d'agences Adi quelque chose (Adi voulant dire merveilleux, suprême et peut être plus encore!) et on a vite fait de s'y perdre, d'autant que les adresses mail ressemblent toutes à quelque chose du genre :xxxadizzzrinjaniyyy@gmail.com. 
Il vaut mieux classer correctement les choses car on a vite fait de finalement s'adresser à une agence qu'on n'a pas choisie.
Donc, pour contacter Adi trekker il faut passer par ce site:
aditrekker.com
Et cette adresse mail:
mountrinjani7@gmail.com


Il y a beaucoup d'autres possibilités. C'est d'ailleurs le principal problème auquel on se heurte pour réserver un trek au Rinjani; il existe un nombre incalculable d'agences en ligne. Après avoir passé quelques soirées à fouiller sur les sites, écrit près de 10 mails de demandes de renseignement et lu autant de réponses et de descriptifs, voici les conclusions que j'en tire.

- les prix sont à peu près les mêmes partout
Cela ne plairait pas à la commission de la concurrence mais, manifestement, les agences, bien que nombreuses, ne se livrent pas une concurrence par les prix. Toutes celles auxquelles je me suis adressées proposent un pack de 4 jours/3 nuits plus une journée dite " jour 0" pour l'acheminement à Senaru autour de 300 euros par personne en haute saison (à partir de la fin du mois de mai jusqu'à la fin du mois d'août. En discutant il m'a semblé comprendre que ce n'est guère moins cher le reste de l'année. Pour ce montant l'agence fournir le guide, les porteurs, le matériel de camping, l'autorisation d.entrée dans le parc, l'acheminement à Senaru ou Sembalung, une nuit d'hôtel et le retour à l'endroit souhaité sur Lombok.

Pour réduire le prix il existe essentiellement 3 moyens:
* tout organiser sur place soit même et trouver un taxi pour le pré-acheminement, réserver une guest house, négocier avec un guide, partir avec son propre matériel, gérer l'intendance et, éventuellement, tout porter soi-même et renoncer aux porteurs. Cela suppose de disposer de beaucoup de temps sur place car les guides sont tous plus ou moins preemptés par les agences et, surtout, d'être en très très grande forme. De plus, je ne suis pas sûre que cela revienne vraiment moins cher au bout du compte.
* réduire le nombre de jours. Mais alors là il s'agit d'être très très en forme et de savoir que le pack 2 jours/1 nuit ne permet pas d'aller au bord du lac
* augmenter la taille du groupe pour partager les frais fixes. On peut pour cela demander à l'agence de rejoindre un groupe pré existant.
Il faut noter que l'ascension du Rinjani est interdite entre janvier et avril en raison des dangers liés aux fortes pluies.

- il faut vérifier la qualité
Bien sûr, il y a trip advisor mais il est important de regarder le blogs et les forums et les conseils du lonely planet pour se tenir au courant des dernières expériences des nombreuses personnes qui se pressent sur les flancs du Rinjani. A mon avis, les blogs sont les plus fiables car il est finalement assez facile d'écrire quelques lignes élogieuses ou extrêmement critiques sur un site d'évaluation alors que des articles entiers ont plus de chance d'être de vrais retours d'expérience. 

- essayer de réduire le montant des arrhes
Je n'ai pas entendu parler d'arnaque mais, dans la mesure du possible, il vaut mieux minimiser la partie payée d'avance et payer le maximum sur place pour s'assurer de la prestation. Bon, ceci dit, en haute saison on n'a pas vraiment le choix...

A voir
Un film d'une ascension de Senaru à Sembalung, soit le contraire de ce que nous avons fait mais les images sont très belles et il n'y a pas de commentaires...

1 commentaire:

  1. Ouah !!!!! il l'a fait :-) Bravo ! Pour Nadine ça sera la prochaine fois !
    C'est un des endroits les plus beau sur terre.... et heureusement toujours pas de route pour les voitures.

    Pour donner une idée de la puissance de la bête : http://www.bbc.com/news/science-environment-24332239
    Le "baby" Rinjani a grandi suite à des éruptions en 2010.

    On attend les autres photos !

    Gilles

    RépondreSupprimer

C'est à vous...